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Réchauffement climatique

Perspective future d'un continent "rétréci" par la montée des eaux, où l’on retrouve la taille actuelle rendue fragile par son apparition éphémère. Donner une visibilité au réchauffement climatique en inversant le processus : c'est à dire que l'image la plus persistante doit être celle que l'on ne reconnait pas tout de suite: les encres thermiques utilisées pour cette expérience deviennent fluos avec la chaleur. Avec l'utilisation d' une bouilloire pour l'effet dramatique, de la montée en puissance liée au bruit du bouillonnement, la bouilloire accélérant le processus des encres thermiques : se réchauffe vite, se refroidit vite, à l'image du jeu de la représentation du spectacle du drame.

réchauffement climatique I (europe) 2015

encre thermosensible, feutre fluo sur papier , variation visible avec bouilloire

Cette performance fut réalisée dans un premier temps pour une exposition collective dans le cadre de la COP21 intitulée : Janus et Rébus sur la banquise *. A cette occasion nous avions décidé que chacun indiquerait par le biais d'une étiquette l'origine des matériaux utilisés pour l'oeuvre exposée.

réchauffement climatique II (pôle sud) encre thermosensible sur papier , 2015

Performance "réchauffement climatique" lors du vernissage avec dégustation du thé correspondant au continent choisi et son eau réchauffée , pour un acte sans gaspillage et la découverte des bienfaits des plantes .

* Pourquoi Janus et rébus sur la banquise

L’événement de la COP21 fut en Décembre 2015 ,le mois de Décembre est le dernier mois de l’année où l’on se prépare à souhaiter les vœux, voeux à court et long terme en ce qui concerne la COP 21 d'où l'allusion à la banquise.

La coutume du voeux est en fait d’origine romaine, une fête en l'honneur du dieu Janus qu’on représentait à deux visages, l’un devant et l’autre derrière, comme regardant l’année passée (bilan) et de l'autre côté se tournant vers l'avenir. Le mois de janvier (januarius)lui était consacré. C'est intéressant l'idée que le voeux soit en perspective des actes passés...

Quelles sont les visions qui me viennent images mobiles, double face, avant /après, en partant de l’image du dieu Janus qui regarde derrière et devant, le passé et l'avenir dos à dos...

Recherche autour de l’apparition et disparition de l’image en même temps, j’aimerais convoquer les deux choses à la fois.

La chute d'Icare " vu par Janus"

Les failles dans le désir de progrès, de conquête, le lien à la chaleur... d’ où l’envie d’associer le mythe d’Icare à Janus. Janus dubitatif, continue à vider les ressources de la planète, quelle perspective quand l’homme veut se faire plus grand que la nature …

Janus en Icare I photographie procédé au nitrate d’argent sur papier reeve 40x30 cm 2015

" Le jeune Icare se tenait à ses côtés et, sans se douter qu’il maniait ce qui devait le mettre en mortel péril, le sourire aux lèvres, tantôt il saisissait les plumes soulevées par un souffle d’air, tantôt, du pouce, il amollissait la cire blonde, et gênait, par ses jeux, le merveilleux travail de son père. Quand il eut mis la dernière main à son œuvre, l’artisan, à l’aide d’une paire d’ailes, équilibra lui-même son corps dans l’air où il resta suspendu en les agitant. Il en munit alors, son fils aussi, et : « Je te conseille, dit-il, Icare, de te tenir à mi-distance des ondes, de crainte que, si tu vas trop bas, elles n’alourdissent tes ailes, et du soleil, pour n’être pas, si tu vas trop haut, brûlé par ses feux : vole entre les deux." Ovide Les métamorphoses


























Icare III pyrogravure sur toile 42x30cm 2016





Les plaintes d'un Icare Baudelaire


Les amants des prostituées Sont heureux, dispos et repus ; Quant à moi, mes bras sont rompus Pour avoir étreint des nuées. C'est grâce aux astres nonpareils, Qui tout au fond du ciel flamboient, Que mes yeux consumés ne voient Que des souvenirs de soleils. En vain j'ai voulu de l'espace Trouver la fin et le milieu ; Sous je ne sais quel oeil de feu Je sens mon aile qui se casse ; Et brûlé par l'amour du beau, Je n'aurai pas l'honneur sublime De donner mon nom à l'abîme Qui me servira de tombeau.


"Icare" désabusé après sa chute, l'oiseau le nargue, en hommage à cette représentation d'Icare par Rodin où Icare avec ses ailes fondant se retrouve en pleine chute le nez au sol, celui-ci est fragile, le nez n'est pas le bec de l'oiseau, cette sculpture est aussi fascinante parce que la blancheur du marbre évoque la cire et en même temps le marbre est une pierre froide étrange double sensation mêlée ...

Sauvage à l'intérieur pyrogravure sur toile 42x30cm 2017

A propos de la Chute d' Icare le tableau de Brueguel vu par Giono

Dans un passage de cette biographie romancée, Jean Giono reproduit le "commentaire"que son père, petit cordonnier à Manosque, lui a fait du tableau de Brueguel :

"Une fois, dit mon père- il était ce jour là très calme, très beau, avec son pauvre visage d'argile grise creusé férocement par la mort- une fois, je 'étais abonné à un journal d'images. C'était très intéressant. Ca donnait un peu de tout, Il y avait de quoi lire: Bras d'acier, Les Mystères de Paris, Le juif errant. Sur les deux pages du milieu, il y avait des reproductions de tableaux, de statues. J'en découpais pour mettre dans mon atelier: la Vénus de Milo, et puis, une espèce de grand bonhomme tout raide, tout droit comme un tronc d'arbre, un vainqueur de course en char. C'est dans ce journal que j'ai vu un jour un beau tableau. Il y avait d'abord, devant, un homme gigantesque. On voyait sa jambe nue. Ses mollets étaient serrés dans des muscles gros comme mon pouce. Il tenait d'une main une faucille et de l'autre une poignée de blé. Il regardait le blé. Rien qu'à voir sa bouche on savait que, tout en fauchant, il devait tuer des cailles. On savait qu'il devait aimer les cailles grasses frites au plat et puis le gros vin bleu, celui qui laisse des nuages dans le verre et dans la bouche. Derrière lui - écoute bien, c'est assez difficile pour te faire comprendre derrière lui, imagine tout un grand pays comme celui-là, plus grand que celui-là parce que l'artiste avait tout mis à la fois, tout mélangé pour faire comprendre que ce qu'il voulait peindre, c'était le monde tout entier. Un fleuve, un fleuve qui passait dans des forêts, dans des prés, dans des champs, dans des villes, dans des villages. Un fleuve qui tombait finalement là-bas en faisant une grande cascade. Dessus le fleuve, des bateaux volaient d'un bord à l'autre, des chalands dormaient et l'eau était couverte de rides autour d'eux, des radeaux d'arbres coupés filaient à plat dans le courant; de dessus les ponts des hommes pêchaient à la ligne. Dans les villages, les cheminées fumaient, les cloches sonnaient, montrant le nez aux clochetons. Dans les villes il y avait toute une fourmilière de voitures. D'un port du fleuve, de grands voiliers s'élançaient. Il y en avait au repos dans un petit golfe des prés; d'autres qui frémissaient à la limite de la force du fleuve, d'autres déjà partis sur cette force vers la mer. Dans un coin du tableau justement était la mer. Au bord, on la voyait calme et juste assez plissée pour baver contre de grands poissons échoués sur le sable. Des hommes défonçaient ces poissons à coups de pioche, d'autres portaient sur leurs épaules de grands lambeaux de chair vers leurs maisons. Les ménagères les regardaient venir du seuil de la porte. Dans les maisons, les âtres étaient allumés. Une jeune fille berçait son petit frère. D'une fenêtre, on voyait un jeune homme qui poussait une fille sur un lit. Dans les forêts, les hommes coupaient des arbres. Dans les fermes, on tuait le cochon. Des enfants dansaient autour d'un ivrogne. Une vieille femme criait de sa fenêtre pendant qu'on lui volait ses poules. Une accoucheuse sortait d'une maison pour se laver les mains au ruisseau. La commère lui réclamait les ciseaux. Le père fumait la pipe. L'accouchée détournait la tête pour ne pas regarder ce qui se passait entre ses cuisses. On faisait chauffer des langes autour d'un feu. Près d'un autre feu on faisait cuire de la viande. Sur un autre feu on faisait brûler des morts. Les champs étaient pleins de travail. Des hommes labouraient, d'autres semaient, d'autres moissonnaient, d'autres vendangeaient, battaient le blé, vannaient le grain, brassaient la pâte, tiraient les bœufs, battaient l'âne, retenaient le cheval, dressaient la houe, la hache, la pioche, ou pesaient si fort sur l'araire qu'ils en perdaient leurs sabots.

"Tout ça !

"Ça m'avait donné un gros entrain. C'était intitulé : La Chute d'Icare.

"Sur le moment, je me suis dit : "On s'est trompé de titre." J'ai cherché un petit moment et puis je me suis mis à faire mes souliers.

" Tout le jour, fiston, tout le jour, je me suis dit : la chute d'Icare, la chute d'Icare! Icare qui a tué mille coqs et mille poules, des aigles, de tout, qui s'est collé les plumes sur les bras, le duvet sur le ventre et puis qui a essayé de voler. Où est-il ? On s'est trompé de titre !

" Non.

" Le soir, j'ai allumé ma lampe, j'ai regardé. C'était bien ça.

" Là-haut, en plein ciel, au-dessus de tout le reste qui continuait, qui ne regardait pas, qui ne savait rien, de tout le reste qui vivait au plein de la vie, là-haut, encore au-dessus de tout, Icare tombait.

" Il était gros comme ça, tiens, comme le bout de mon ongle. Noir, un bras d'ici, une jambe de là, perdu, comme un petit singe mort.

" Il tombait. "

La main maigre de mon père fit un geste pour dire que ça n'avait pas d'importance.

Au bout d'un moment il ajouta:

" Souviens-toi de ça, fiston. "

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